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K-L

Forum » » L'exploitation » » Situations inacceptables


Posté : 22-07-2022 20:38 icone du post

Ben si, je vais pouvoir défendre, non pas l'entreprise car on a un sacré problème de recrutement, mais je reste un expert sur les aspects techniques (avec la vision interne que j'ai).

On va la jouer honnête :

La plupart des lignes ont des offres allégées pour pallier le manque de personnel (on a même des lignes qui roulent avec un horaire été du mois d'août depuis deux semaines alors que cet horaire n'est déjà pas facile à tenir en période archi creuse).
Sur ces offres allégées, on y ajoute en plus des manques de personnels impromptus (en gros des conducteurs absents à la prise de service ou qui ont prévenu tardivement de leur non présence) et les congés à accorder, forcément (les conducteurs restants assurant de nombreuses heures de service, jusqu'à parfois 46h par semaine).

Revenons sur le technicien horaire, celui qui va créer l'horaire de la ligne et faisons un petit point sur comment ça fonctionne (et c'est ainsi dans la quasi totalité des réseaux). On reviendra ensuite sur l'horaire du conducteur à proprement parler.

Comment se passe la création d'un horaire quel qu'il soit :

Le service marketing va faire étudier la ligne par le service méthodes, auquel sont rattachés les techniciens méthode
Une fois cette étude réalisée, on va demander au technicien méthode de préparer un horaire (que ce soit pour réadapter les temps de parcours, pour un nouvel itinéraire ou des horaires travaux par exemple)
Cet horaire va être proposé à SYTRAL Mobilités pour validation (ce sont eux qui payent la production, on ne peut pas mettre un horaire sans l'aval de l'AOMTL)
Une fois ces validations passées, il faut décider de la date d'application
Et enfin, on met en application l'horaire

Mettons néanmoins qu'on veuille mettre un horaire en urgence : rappelez-vous que pour le COVID, on avait mis au moin deux semaines, ce qui est extrêmement rapide compte tenu du nombre de lignes, à créer des horaires, avec parfois des erreurs tellement il avait fallu faire vite, avec l'aval du SYTRAL d'alors.

Il reste les horaires de grève : ceux-là existent déjà dans les systèmes en fonction des personnes déclarés grévistes. Assez simple à mettre en place, ils ont un corollaire : ces horaires doivent être mis en production au moins 48h avant leur application pour éviter que les systèmes ne les chargent pas et que ça dysfonctionne dans les bus ou les outils numériques.

Et pour ces 48h, on ne prend pas en compte ce que l'on appelle les habillages conducteur : en gros, leurs services. Si tu changes un horaire, cela change automatiquement les journées des conducteurs. Impossible, hors grève où les conducteurs non grévistes s'y attendent, de modifier les services des agents à la volée : impossible de tous les prévenir (et l'ordonnancement, en charge d'affecter les services, devrait tout recommencer) et on arriverait juste à des loupés, sans parler du risque social (on a déjà du mal à recruter, on va peut-être éviter de faire fuir ceux qui continuent à exercer leur métier).

Mais même en éludant toutes ces considérations sociales, il faudrait de toute façon faire valider les horaires par l'AOMTL, après les avoir étudiés en amont (donc bien plus de 48h avant).

Voilà, ce n'est pas que je veux défendre quoique ce soit car tout le monde voit bien que les Transport Urbais et Interurbains, pas seulement Lyonnais, souffrent vraiment de cette pénurie de conducteurs et que la remarque de JM-C va dans le même sens que les nombreuses réclamations clients reçues par les TCL (et donc Keolis Lyon aujourd'hui).

Pour ce qui est de faire partir un conducteur plus tôt du terminus, c'est assez compliqué : on va désorganiser sa voiture (tu ne sais pas si le bus était absent pour manque de personnel et juste en panne avec la possibilité d'être remis en ligne en plein milieu). Sans parler que, encore une fois, du point de vue social, ça va gueuler. Et s'il part en avance, celui qui avait prévu de prendre ce bus là au passage théorique ne le verra jamais passer car il sera passé en avance. Donc, on aura au final tout de même pénaliser la clientèle. Et la ponctualité (je parle bien ponctualité, pas régularité) ne sera plus assurée.

Et en effet, tous ces ratés coûtent des pénalités à l'entreprise exploitante.

J'ai été un peu long, j'en suis désolé, mais je veux vraiment que vous compreniez que ce que vous pensez être simple vu de l'extérieur ne l'est pas forcément en interne.

Au final, tant qu'au niveau de l'état, il n'y aura pas une vraie réflexion sur le métier de conducteur de bus et de car, on va se diriger vers des difficultés dans tout le pays (15 000 conducteurs manquent à l'appel dans toute la France).

N'hésitez pas à me poser des questions si certaines choses ne sont pas claires.
Passionné ;-)

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